jeudi 29 avril 2010

Recette marocaine : La gastronomie marocaine mise à l'honneur


Cette semaine, le nuage de cendres se dissipait lentement de la une des journaux. D'autres sujets ont pu réapparaître (heureuse nouvelle pour la RAM et compagnie..): la gastronomie marocaine a été célébrée à l'international. Eric Gerets est doublement apprécié – et cela en plus hauts lieux. Un consul marocain en France part à la rencontre des MRE. Et un économiste peint sa vision de l'avenir euro-méditerranéen.
« Dernière possibilité de goûter aux saveurs marocaines » intitulait hier le quotidien en ligne diariodeavisos.com de Santa Cruz de Tenerife un article sur les journées marocaines de l'artisanat et de la gastronomie sur l'archipel. Jusqu'à dimanche, 25 avril, la chef marocaine Khadija Bensdira, qui dirige depuis plus de 30 ans les Cuisines de l'Ecole hotelière et Touristique de Touarga à Rabat, et son collègue Iñaki González, chef à l'Hotel-Ecole Santa Cruz, collaborent pour proposer de la cuisine traditionnelle marocaine à la touche des Canaries. Chose peu commune (à l'étranger), cette cuisine sera notamment servie avec des vins marocains, de la région de Mèknes.
Mais pas uniquement les Canaries s'intéressent à l'art culinaire marocain cette semaine. Aux Etats-Unis, le « Travel Channel » a consacré un spécial à la gastronomie marocaine dans le cadre de son show culinaire phare « Bizarre Foods » (Cuisine insolite). Au menu du chef, Andrew Zimmern, la pastilla aux pigeons et le Méchoui. « La gastronomie marocaine est l'une des cuisines les plus réputées d'Afrique du Nord et de la région du Moyen-Orient et peu de gastronomies peuvent s'enorgueillir d'un tel statut », expliquait le chef. Beau compliment!
Rapprocher le Maroc, mais aux MRE cette fois-ci, tel était la mission du consul du Maroc de l'ouest français, en déplacement à Nantes cette semaine. Ahmed el Khdar venait à la rencontre de la communauté marocaine à Nantes, pour se présenter – il est en poste à Rennes depuis peu seulement – mais aussi pour « transmettre des informations importantes », comme il l'indiquait au quotidien Ouest France. Première info: « Depuis le 1 er avril, nous ne délivrons que des passeports biométriques individuels. Il faut d'abord avoir une carte d'identité électronique. Tous ces documents ne peuvent être obtenus qu'au consulat, à Rennes. Le délai d'obtention est de 15 à 20 jours. » A courte notice, le consul informait aussi les bourses pour étudiants MRE : date de depos des dossiers: avant le 25 avril. Puis il lançait un appel à candidatures pointu, « pour la création d'associations qui aideront les femmes isolées ou les retraités démunis dans leurs démarches administratives. » Une 'délocalisation' du travail des consulats vers les associations?
Doléances des Marocains de Nantes: création d'une antenne consulaire à Nantes, création d'un ferry de Saint-Nazaire au Maroc, une agence de la RAM à Nantes.. Le consul fera « tout ce que je pourrai pour les accompagner dans la réalisation de ces souhaits ».
Une autre rencontre, au plus haut niveau, a été annoncée cette semaine sur Marocfootball.info. SM Mohamed VI aurait invité le (très probable) futur entraineur de l'équipe nationale de foot marocaine, le Belge Eric Gerets, à un entretien personnel. Cela devrait permettre à Gerets d'apprécier autant les respect que les attentes que l'on voue à l'entraîneur des Lions de l'Atlas dans le Royaume.
Il pouvait déjà s'assurer le soutien d'un de ses futurs joueurs, et pas du moindre. L'ancien Soulier d'ébène et actuel champion de Belgique avec l'ASC Anderlecht, Mbark Boussoufa, indiquait vendredi au quotidien Het Nieuwsblad: « Gerets serait parfait en tant qu'entraîneur national marocain. Il est synonyme de discipline, de motivation, un bon football et il a une réputation internationale. » Une « nouvelle ère » débuterait dans le football marocain, autant au niveau des joueurs que dans l'administration, et Gerets pourrait en devenir une figure prééminente. « J’ai hâte de travailler avec lui. », poursuivait le milieu offensif. Pour un avenir marqué de succès marocains.
L'avenir marocain et du pourtour de la Méditerranée plus généralement était le sujet d'une chronique publiée dans les Echos cette semaine par Jean-Louis Guigou, délégué général de l'Institut de Prospective Economique du Monde Méditerranéen (IPEMED). Cet avenir passerait par un « protectionnisme euroméditerrannéen », selon l'auteur. Les pays du nord en phase de désindustrialisation et de baisses de croissance, victimes du dumping social de pays émergents, doivent s'ouvrir davantage au sud méditerranéen. Ils doivent comprendre que « tout ce qui manque aux pays européens, la jeunesse, les marchés, l'énergie, ils le trouvent au Sud et, réciproquement, tout ce qui manque aux pays du Sud et de l'Est, la gouvernance politique, les brevets, ils le trouvent au Nord. »
Les délocalisations dans le Maghreb ne sont, selon Guigou, pas un risque pour des pays comme la France, mais leur avenir. D'ailleurs, l'Allemagne en serait un exemple. Beaucoup d'entreprises allemandes ont saisi l'opportunité de l'élargissement de l'UE pour délocaliser dans les pays de l'Est – et le pays ne s'en porterait pas plus mal, préconise M. Guigou.
Concernant la Méditerranée, l'ouverture devrait cependant se faire sous une condition. « L'Union pour la Méditerranée ne doit pas être une zone de libre-échange comme le propose le président Barroso ; ce doit être une région de politiques publiques communes, de protections sociale et environnementale élevées et non pas une simple opportunité conjoncturelle d'exploiter les bas salaires ou de capter les hydrocarbures du Sud. »
Voilà ce qui rend la chose plus compliquée. Des politiques publiques communes semblent très loin de la réalité dans cet espace méditerranéen où l'UE n'accumule pour le moment que les accords bilatéraux avec chaque pays, et où l'Union du Maghreb Arabe (UMA) est le meilleur exemple du manque de coopération régionale au sud de la Méditerranée. Et, d'autre part, le « protectionnisme euroméditerrannéen » impliquerait-il que le Maroc et les pays du Maghreb devraient, pour leur part, se fermer davantage à leurs voisins sub-sahariens? C'est un avenir intéressant, mais très axé sur les besoins socio-économiques du nord de la Méditerranée que peint M. Guigou.

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